Nous ne sommes pas tous au même niveau spirituel : il existe différents stades.
Le stade un, au bas de l’échelle, je l’appellerai « chaotique/antisocial ». Il concerne environ deux personnes sur dix, dont les gens du mensonge. Tous ceux-là ne connaissent aucun scrupule, aucune spiritualité non plus. Ils feignent d’aimer les autres alors que, dans leurs relations, ils se montrent toujours manipulateurs. Leur seule motivation est de servir leur intérêt personnel, ouvertement ou
de manière détournée.
Le stade deux est le stade « formel/institutionnel ». Ceux qui l’atteignent veulent avant tout que leur vie soit régie strictement par une organisation structurée. Ils sont très attachés aux formes que prend leur confession et n’arrivent pas à comprendre, tout pratiquants qu’ils soient, que Dieu vit au fond de nous, que la divinité siège dans l’esprit humain. Ils se le représentent comme un être extérieur, trônant là-haut, très loin. Et de sexe masculin en général. Ils savent qu’IL nous aime, mais ils LE voient surtout comme une sorte de flic géant, débonnaire, qui vit dans les cieux. Les gens du stade institutionnel/formel ont un besoin absolu de ce Dieu-là. IL les empêche de tomber, ou de retomber dans le stade un.
Le stade « sceptique/individuel » est constitué de personnes impliquées dans la société. Ils se montrent curieux, inventifs, créatifs, en quête de la vérité. Aussi paradoxal que ça puisse paraître, et même s’ils ont abandonné l’église, le temple, la mosquée ou la synagogue, les gens du stade trois sont spirituellement plus avancés que ceux du stade deux. A fortiori, ce ne sont absolument pas des êtres antisociaux comme ceux du stage un. Au contraire, on les voit le plus souvent très impliqués dans la société, s’activant dans des associations humanitaires ou de défense de la nature. Ce sont des parents attentionnés et affectueux.
Le stade quatre qui est le stade « mystique/communautaire » est celui de gens ayant découvert une sorte de cohésion sous la surface des choses. Les mystiques adorent les mystères. Ils aiment tenter de les élucider, tout en sachant qu’un mystère en cache toujours un autre, et que plus ils en dissipent, plus ils en rencontrent. Ce n’est pas du tout l’attitude de ceux du stade deux, mal à l’aise devant ce qui n’est pas clair et net. Après avoir constaté toutes les interconnexions cachées, les mystiques se sont mis à parler en termes de communauté, d’unité. Mais aussi en termes de paradoxes.
Attention aux apparences. Certains n’ont que le mot de Dieu à la bouche, ils l’utilisent à chaque coin de phrase. Je pense à certains chefs religieux, à certains gourous. On aurait envie tout de suite de les hisser au stade quatre. Et on se tromperait : ce sont en fait des criminels du stade un.
Scott Peck (Psychiatre Américain très célèbre)