Historique énigmatique : Les Veilleurs de l'Abîme

Dans l'enceinte d'une cité ancienne, enserrée par les brumes du temps et les murmures d'un passé tumultueux, Jacques vivait, hanté par des visions nocturnes d'une horreur incommensurable. Chaque nuit, une silhouette mutilée, au-delà de toute humanité, le pourchassait à travers des paysages torturés qui semblaient jaillis des profondeurs de l'enfer. Le visage de cette entité était un tableau vivant de souffrances indicibles, ses plaies béantes semblant murmurer des récits d'agonies éternelles. Cette présence constante, oppressante, se glissait chaque soir dans les rêves de Jacques, dévorant peu à peu sa tranquillité d'esprit.

N'ayant nulle part où fuir, Jacques choisit de confier son fardeau à ses compagnons les plus chers : Joël, Nathalie, Ida, et Antoine. Lors d'une rencontre empreinte de solennité, au cœur d'un café dont les murs semblaient absorber leurs confidences, il leur révéla l'existence de son persécuteur nocturne. Le silence qui suivit fut si lourd qu'on aurait dit que le temps lui-même retenait son souffle. Joël, Nathalie et Antoine avouèrent alors partager les mêmes visions cauchemardesques, un aveu qui scella leur destin commun. Seule Ida, épargnée par ces visions, ressentit une terreur mêlée d'une détermination farouche à aider ses amis. Ensemble, ils décidèrent d'affronter cette manifestation maléfique dans la demeure ancestrale de Jacques, suspectée d'abriter en son sein des secrets aussi sombres que la nuit elle-même.

La demeure se dressait à la lisière de la ville, telle une sentinelle oubliée veillant sur des secrets que personne ne voulait exhumer. Son architecture, marquée par les époques, avait cette majesté tragique des lieux marqués par l'histoire. Alors que l'obscurité enveloppait le monde extérieur, les amis pénétrèrent dans le vestibule, accueillis par un froid qui semblait sucer la chaleur de leur corps et de leurs âmes.

Réunis dans la chambre principale, où le poids des âges était palpable dans chaque meuble, chaque tableau, ils attendaient, suspendus à un fil invisible tendu entre l'espoir et l'effroi. Minuit sonna, telle une sentence. Le vent à l'extérieur hurla comme pour pleurer les âmes perdues, annonçant l'arrivée de l'impensable. La température chuta brusquement, leur souffle se transformant en vapeurs dans l'air glacé. Des gouttes sombres commencèrent à suinter des murs, se rassemblant en flaques aux teintes d'encre sous les lueurs vacillantes des bougies.

Le silence fut brisé par un murmure, d'abord doux, presque inaudible, puis grandissant en une cacophonie de voix torturées, comme si les murs eux-mêmes se lamentaient. C'est alors que, dans un coin de la pièce, l'air ondula, distordu par une présence insondable. L'homme des cauchemars apparut, son aspect si dévasté qu'il dépassait l'entendement humain, un être façonné dans la terreur et la souffrance, ses plaies semblant raconter des siècles de tourments.

Le désespoir les frappa de plein fouet, une peur si profonde et si noire qu'elle menaçait de les engloutir. Mais au sein de cette obscurité absolue, une étincelle de résistance naquit. Nathalie commença à murmurer des incantations, des mots anciens chargés de pouvoir. Encouragés, Joël, Ida, Antoine et Jacques se joignirent à elle, leurs voix s'unissant dans une symphonie de défi contre les ombres.

Ce qui suivit fut un affrontement non pas de force physique, mais d'esprits. Avec chaque parole, chaque incantation, ils tissaient un voile de lumière, repoussant les ténèbres incarnées devant eux. L'air se chargea d'une énergie palpable, un combat entre la lumière et l'obscurité, l'espoir et le désespoir, la vie et la non-existence.

Au moment où l'aube perçait les ténèbres, l'entité poussa un cri déchirant, une expression pure de rage et d'agonie, avant de s'évanouir, laissant derrière elle un silence lourd et une chambre baignée dans la première lumière du jour. Les amis se tenaient là, tremblants, épuisés, mais ensemble, unis par un lien que rien sur cette terre ne pourrait briser.

Cet affrontement marqua le début d'une nouvelle ère dans leur vie. Ils savaient que d'autres nuits viendraient, que d'autres ombres pourraient surgir des tréfonds de l'obscurité. Mais une chose était certaine : ils seraient prêts, car ils avaient affronté l'abîme et en étaient revenus, non pas indemnes, mais invincibles ensemble.

Roch Armel BAKYONO
Économiste
Parapsychologue-expert
Directeur du cabinet CECRAB

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